Le CINEMA et le JAZZ sont contemporains ou presque, d’où des rapports qu’on suppose naturels sinon fréquents, quels sont donc les rapports du jazz et du cinéma ?
Le jazz qu’on « colle » aux images INDUIT UNE ATMOSPHERE qui habille le film comme une seconde peau.Il y a donc des partitions « culte » avec des musiciens compositeurs qui se sont pliés aux règles du genre cinématographique, et en réussissant leur coup. Ainsi Otto PREMINGER a travaillé en étroite collaboration avec Duke ELLINGTON pour « Anatomy Of A Murder » en 1959.La « comédie musicale » : où musique et action sont inséparables, ’exemple le plus réussi de « comédie musicale à la française » est donné avec “Les parapluies de Cherbourg ” suivi bientôt par “Les demoiselles de Rochefort” du tandem Jacques DEMY- Michel LEGRAND. Succès inégalé à ce jour, leur style a fait école sans être jamais dépassé.
Les cas de figure sont nombreux avec des réussites très diverses les témoignages sont rares, donc infiniment précieux d’apercevoir les « masters of jazz », où l’on entend la musique noire dans des films de Blancs : Le jazz fan n’a pas grand chose à faire du film, mais garde en mémoire “Cabin in the Sky ” de Vincente Minelli en 1942 avec Louis ARMSTRONG et Duke ELLINGTON,Stormy Weather avec Fats WALLER, Cab CALLOWAY et la belle Lena HORNE, moins pour l’intrigue que pour les numéros joués, chantés, dansés. Billie HOLIDAY ne se remettra jamais de l’humiliation de jouer une bonniche dans “New Orleans”, mais qu’il est émouvant de l’entendre avec Louis Armstrong chanter « Do You Know What It Means to Miss New Orleans ?
Les grands studios ne se sont pas toujours montrés intéressés par le jazz et ses musiciens, ou alors à titre anecdotique,surtout en temps de guerre.The Glenn Miller Story d’Anthony Mann en 1953 en est une parfaite illustration. Le thème « In the mood », emblématique de la Libération, existait depuis longtemps. Composé par des Noirs, il ne connut la gloire que quand Glenn Miller s’en empara et lui donna sa version définitive. Le film médiocre mais hagiographique est servi par James Stewart (l’Américan modèle) dans le rôle-titre.
PORTRAIT de MUSICIENS de JAZZ
On pense immédiatement a”BIRD” de Clint EASTWOOD en 1988, qui fut un grand succès, même si certains ont affirmé que ce n’était pas le film le plus réussi du réalisateur. Mais son amour du jazz suffirait à cautionner cette tentative et à prouver la sincérité de son engagement.Il adore Charlie Parker et un Grand nombre de Musiciens de Jazz, KYLE, l’un des fils de Clint, est un contrebassiste de Jazz émérite. Si son film le plus authentique est ” Honky Tonk Man ” toute l’œuvre d’Eastwood est traversée par sa passion pour cette musique : la composition d’Erroll Gardner, « Misty » lui servit même de fil conducteur dans son tout premier film, Play Misty for Me (1971,Un frisson dans la nuit). L’intérêt des films d’Eastwood est que leur succès populaire en fait de très bons vecteurs de diffusion de la musique qui nous intéresse.
.
” ROUND MIDNIGHT ” de Bertrand TAVERNIER en 1988 est un cas encore plus intéressant de biographie romancée : l’amitié exceptionnelle de Francis Paudras et Bud Powell est transposée dans le scénario à de nouveaux personnages, respectivement François Cluzet et Dexter GORDON. La fine fleur du jazz à l’époque est présente dans la B.O aux côtés de Gordon qui, remarquable, joue entre autres « Rhythm-a-Ning » et « Una Noche con Francis » : Herbie Hancock, Ron Carter, Tony Williams, Bobby McFerrin dans « Round midnight », Billie Higgins et Wayne Shorter dans « the Peacocks » de Jimmy Rowles. Un « labour of love » que l’on doit à Tavernier, connaisseur de cette musique et historien spécialiste du cinéma américain. Et même si on peut saluer la composition de Forest WHITAKER, qui jouait avec talent le rôle de Charlie PARKER dans ” Bird “, le choix de Dexter GORDON est une adaptation géniale
Le cas particulier d’ASCENSEUR POUR L’ECHAFAUD
Il arrive tout à fait exceptionnellement, que la musique prenne une telle dimension qu’elle reste et se diffuse plus que le film lui-même. En une seule nuit, le 4 décembre 1957, Miles DAVIS, avec son quintet français Pierre Michelot, René Urtreger, Barney Wilen et Kenny Clarke, en visionnant les images tournées par Louis Malle, improvisa une musique qui est, avec le temps, devenue plus célèbre encore que le film. Miles dira :« Puisqu’il s’agissait d’un film de suspense, j’ai fait jouer les musiciens dans un vieil immeuble lugubre et sombre. Je pensais que ça donnerait son atmosphère à la musique et ça a fonctionné. »
Il y aurait tellement à dire sur le Jazz et le Cinéma qu’il faudrait de nombreuses pages,VOIRE de livres, grâce à Citizen jazz, j’ai pu trouver bon nombre d’anecdotes , cela m’a énormément servi pour écrire sur le blog de TSJ, et comme l’écrit l’auteur, filmer la musique, c’est chasser un oiseau rare qui ne se pose qu’un seul instant, mais qui est déjà envolé. Un beau défi. »
0 commentaires